Évitées à l’école, redoutées en festival, attendues avant une course, introuvables lors d’une balade en ville, les toilettes publiques sont un parcours d’obstacles pour les femmes. Dégradation, rareté, file d’attente. Un certain statu quo est maintenu autour des toilettes publiques. Autant de situations que nous tous vivons au quotidien. Chacun d’entre nous a une histoire de toilettes à raconter. Pour les femmes, c’est pire, et des réflexes sont construits depuis l’enfance. Faire pipi “au cas où” avant de partir, où dès que des toilettes décentes sont aperçues, même si l’on n’a pas envie. Des habitudes mauvaises pour la santé, qui dérèglent la fréquence de visites des toilettes, comme l’illustre le syndrome du paillasson.

 

Autre inconvénient au manque de toilettes en ville, les pipis sauvages et intempestifs qui fleurissent au coin des trottoirs. A Lille, certaines rues sont connues pour être des “petits coins” tranquilles. A tel point qu’un service de nettoyage est déployé spécifiquement pour ces zones. Souillés toute l’année, ces morceaux de trottoirs sont assaillis pendant la Braderie, où on dénombre 1 toilette publique pour 50 000 Bradeux. Alors, face aux files d’attente, les rues calmes sont prises d’assaut !

« Il faudrait 3 fois plus de toilettes en ville, principalement des urinoirs, afin d’offrir un service de qualité acceptable. Les touristes mais aussi les travailleurs mobiles souffrent actuellement d’un manque d’infrastructure permettant de faire pipi simplement et dans la dignité. Les villes voient par ailleurs se multiplier les « pipi » intempestifs qui dégradent l’espace public et importunent les riverains. », explique Nathalie des Isnards, fondatrice de madamePee.

Les prochains grands rassemblements festifs et urbains seront les marchés de Noël, et certaines villes sont déjà attendues au tournant. Avec plus de 2 millions de visiteurs en un mois sur certains marchés comme celui de Strasbourg, l’équipement sanitaire est primordial. Dans certaines villes, les dispositifs supplémentaires installés pour l’occasion ne sont pas suffisants. Souvent, leur installation se fait au détriment de chalets d’artisan, et lorsqu’il faut trancher, les toilettes sont les premières à perdre du terrain. Si bien que les visiteurs n’ont d’autres choix que de chercher des toilettes gratuites, ailleurs. Par exemple, dans les fast food, ou les cinémas qui côtoient les grand-places, et dont la file d’attente, devient rapidement interminable. Un exemple parlant.

Même constat à Metz, où l’année dernière, les premiers embêtés par ce manque de sanitaires étaient les commerçants eux même. Car outre les visiteurs en nombre, les artisans présents toute la durée du marché, sont parfois logés à la même enseigne, et la tenue d’un chalet avec une envie présente est très certainement incommode.

Il n’y a qu’à lire les exemples cités au-dessus pour rapidement comprendre que les premières touchées par ce manque de sanitaires sont les femmes. Les femmes, qui sont moins enclines à prendre la rue comme toilette, se retrouvent enfermées dans un statu quo qu’il est grand temps de briser. Non, aller aux toilettes quand on est une femme ne doit pas rimer avec rareté et attente. Mais plutôt avec rapidité, hygiène, intimité et sécurité ! Alors, qu’attendons-nous pour renverser ensemble l’ordre établi des toilettes publiques ?