Les toilettes publiques, on les aime (quand on en trouve) et on les déteste. En 2017, la SCA a réalisé une enquête montrant que 41% des Français n’utilisent plus les toilettes publiques, et monte à 80% quand il s’agit des femmes, qui évitent de s’y rendre.
Nous avons mené en juin 2021 notre propre enquête terrain sur les toilettes publiques à Paris. Cinq lieux, touristiques, lieux de vie, d’événements ou juste de passage, des toilettes automatiques aux urinoirs, en passant par les cabines de chantier. Le panel de personnes interrogées montre que 71% d’entre elles n’utilisent jamais ou rarement les toilettes publiques. Pourquoi les Français les fuient-elles de plus en plus ?
Plusieurs freins ont été identifiés.
Le premier étant, vous y avez surement déjà été confrontés, la propreté. 1 personne sur 2 a signalé être dérangée par le manque de propreté des toilettes publiques.
Difficile d’imaginer que la propreté douteuse des toilettes publiques mène à des « pipi sauvages », et par conséquent à la plus grande saleté des rues et espaces publics ! Cela semble être un raisonnement tiré par les cheveux, et pourtant.
L’attente est un deuxième frein à l’utilisation. Dans les endroits fréquentés, les sanitaires trop peu nombreux sont pris d’assaut. A Montmartre et au Champ de Mars, les sondés nous disent :
Pour les sanisettes automatiques, le temps de nettoyage varie entre 1min24 et 1min45. On insiste, ce temps représente uniquement le nettoyage des cabines entre deux utilisations. Il inclut également la réactivité des personnes qui attendent à remarquer la disponibilité de la cabine une fois cette dernière nettoyée. Ce temps, auquel s’additionne les 9 secondes d’ouverture et de fermeture des portes, augmente considérablement l’attente.
D’autres freins à l’usage
La peur de se retrouver coincé dans les toilettes autonettoyantes est aussi remontée par les personnes que nous avons interrogées. Même si aucune n’a eu à subir ce désagrément, c’est un frein souvent remonté, surtout par les femmes.
Nous l’avons évoqué plus haut, la présence trop peu nombreuse de sanitaires entraînent de longues files d’attente aux toilettes publiques situées dans les lieux très fréquentés.
L’aménagement sanitaire est inégal en France
En France, la disparité des villes dans leur aménagement sanitaire se fait sentir. Alors que Paris compte 1 toilette pour 7500 habitants, Rennes dénombre 1 toilette pour 2 300 habitants. Marseille affiche moins d’1 toilette pour 23 000 habitants.
La présence (ou absence) de toilettes publiques dans les villes a été particulièrement mise en lumière pendant l’épidémie de Covid-19. La fermeture des restaurants, souvent privilégiés pour les pauses pipi, a soulevé des questions d’aménagement et surtout de contraintes sanitaires des espaces publiques.
À noter également que même quand des toilettes publiques sont présentes, leur état de fonctionnement peut laisser à désirer. 1 personne sur 2 nous a signalé trouver trop souvent des toilettes dégradées ou hors service.
Les urinoirs sont demandés, et pas que chez les hommes !
« C’est quand même pratique d’avoir un endroit pour uriner et ça manque cruellement à Paris. Vous qui êtes des filles on est d’accord c’est vraiment la cata ! »
Ce manque de toilettes pour les femmes est clairement visible dans toutes les installations sanitaires. Par exemple sur des toilettes modèle duo wc hommes-femmes, on trouve 4 toilettes du côté femme, 6 côté homme, avec 2 toilettes et 4 urinoirs.
« Les femmes ne mettent pas 2 fois plus de temps que les hommes, c’est juste qu’il y a 2 fois moins de toilettes pour elles ».
Et pour les hommes, c’est le manque d’intimité aux urinoirs qui est soulevé par nos sondés :
« Les urinoirs ouverts, pour une question d’intimité je ne les utiliserai jamais. »
En conclusion, les toilettes publiques sont une question majeure de l’aménagement des villes.
Elles sont un marqueur particulièrement révélateur de la place de la femme dans l’espace public, et la situation n’est pas brillante, nous voyons qu’il y a beaucoup d’efforts à faire sur le sujet !
Elles sont aussi l’image de l’accueil qu’une ville réserve à ses touristes.